Véronique Eischen, secrétaire centrale du Syndicat Banques et Assurances (OGBL–SBA), ne mâche pas ses mots pour décrire les pratiques du secteur bancaire en matière d’emploi.
Pratiques des dirigeants, lenteur des négociateurs portant sur la future convention collective du secteur : Véronique Eischen ne cache pas son inquiétude concernant la situation sociale du secteur financier luxembourgeois.
Entretien avec le journaliste Jeremy Zabatta du Quotidien
Huit plans sociaux en deux ans et plus de 3 000 personnes touchées par ce genre de mesures depuis 2008. Est-ce que l’emploi dans le secteur financier vous inquiète?
Véronique Eischen: Évidemment cela nous inquiète. Déjà, en fin d’année dernière, nous avions alerté et rencontré le ministre des Finances, Pierre Gramegna, concernant cette «lumineuse» loi 7024 (NDLR: un projet de loi assouplissant les conditions d’externalisation, à l’étranger, du traitement des données dans le secteur financier). Nous avions alors exprimé nos craintes par rapport à l’exploitation des données à l’étranger, pouvant avoir comme conséquence un effet négatif sur l’emploi, notamment pour les départements de back-office et IT du secteur financier, où il existe un risque de délocalisation vers l’étranger. Nos craintes semblent se confirmer.
Pourtant, si l’on regarde les chiffres de l’emploi dans le secteur bancaire, ils sont stables, avec même une très légère tendance à la hausse…
Selon les statistiques, l’emploi semble stable dans les banques. Il n’en reste pas moins qu’on ne sait pas si les gens qui perdent leur emploi du fait d’un licenciement ou d’un plan social retrouvent un emploi sur la place financière. Les vrais statistiques nous manquent. Est-ce qu’il s’agit de transferts d’emplois existants du secteur non financier vers le secteur financier et vice-versa ? Le fait est que 3.000 personnes ont été touchées par des plans sociaux (sans pour autant parler de licenciements individuels) et que l’on perd des personnes qui ont une expérience, un savoir-faire et un niveau de compétence très élevé.
Le secteur financier connait des transformations profondes, cela implique la disparition de postes mais aussi l’apparition de nouveaux postes. Est-ce que cela peut expliquer certains licenciements et plans sociaux?
Évidemment, il y a une transformation. Mais là encore, je suis convaincue qu’il est possible de former les gens concernés aux nouvelles spécificités du secteur. Mais rien n’est fait dans ce sens, ce qui est déplorable, alors que je suis convaincue qu’il est tout à fait possible de le faire vu l’expérience professionnelle et la qualification des salariés du secteur. Continue reading Interview de Véronique Eischen – Les dirigeants doivent assumer leur responsabilité sociale